Numéro : N° 01 / Héroïsme dostoïevskien dans Crime et châtiment : entre morale du crime et utilité publique

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Volume : 002 (2025)

Numéro : N° 01 (30 juin 2025 )

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Titre : Héroïsme dostoïevskien dans Crime et châtiment : entre morale du crime et utilité publique

  • Informations sur le ou les auteur(s)

    Nom : Raphaël Yao KOUASSI

    Email : raphkouassi@upgc.edu.ci

    Publier le : 16 août 2025
    A : 10:48
  • Le résumé

    Le héros dostoïevskien est construit à l’image du leader russe. Sa soif de l’utile est la cause de son hybridité morale. À le lire, on serait tenté de croire à un contrevenant sans expérience et méprisant des normes sociales. En réalité, il en est un. Mais sa contravention ne relève pas de la catégorie des hommes « ordinaires ». Elle épouse la logique criminelle de ceux que le romancier appelle les « extraordinaires » qui entendent l’infraction comme un droit au service de l’utile. Les actes qu’il pose et ses rapports avec les autres personnages remettent en question le sens de la morale communément admise et permettent d’examiner la relativité de la morale au sein des classes sociales et politiques. Le désir d’infraction est pour lui une option essentielle revêtue d’un courage exceptionnel. Cependant, toute infraction, peu importe sa provenance, passera par les tunnels étroits de la justice. Celle de Raskolnikov, le héros du roman, a été négligemment reprouvée par la justice humaine. Mais les échecs de cette justice révèlent les déviations et les imperfections dans la punition des crimes. Ces insuffisances de la justice humaine nécessitent l’apport incontournable de la justice naturelle dont la répression des actes ignobles se passe à l’intérieur de soi-même. C’est une panacée convenable de l’épanouissement de l’homme en société que Dostoïevski promeut. Cet article aborde les causes de l’injustice sociale imputables à la conception du crime et l’application relative de la loi au sein de la société. Sa cohérence scientifique est alimentée et orientée par le questionnement suivant : en quoi Raskolnikov, par son héroïsme, exprime-t-il la morale du crime ? Comment cet héroïsme conceptuel se déploie-t-il dans Crime et châtiment ? Quelle idéologie pourrait-on en dégager ? Pour répondre à ces questions, nous avons convoqué d’abord la psychocritique développée par Charles Mauron en vue d’analyser les motivations psychologiques du crime chez le héros. Ensuite, en se fondant sur l’analyse sémiologique de Philippe Hamon qui s’inscrit dans la sémiotique narrative (J. Greimas), nous avons fait ressortir l’« héroïté » du personnage dans l’accomplissement du crime. Enfin, nous avons analysé la « socialité » ou la « sémiosis sociale » (Claude Duchet) du texte étudié en vue d’appréhender le personnage en rapport avec un type de société.

  • Abstract

    The Dostoevskian hero is made in the image of the Russian leader. His thirst for useful things is the cause of his moral hybridity. Upon reading his story, one would be tempted to view him as an inexperienced lawbreaker who despises social norms. Indeed, such is the case. However, his transgressions do not fall within the category of ‘ordinary’ men. It is in line with the criminal logic of those whom the novelist calls ‘extraordinary’ characters, who see infringement as a right that serves a useful purpose. His actions and his relationships with other characters call into question the meaning of commonly accepted morality and allow for an exploration of the relativity of morality within social and political classes. For him, the urge to break the law is an essential option requiring exceptional courage. However, no matter its origin, every crime ends up facing the narrow tunnels of justice. Raskolnikov, the novel’s hero, has been casually reprobated by human justice. However, the failures of that justice reveal shortcomings and imperfections in the punishment of crimes. These shortcomings of human justice require the inevitable contribution of natural justice, which represses despicable acts within oneself. Dostoyevsky promotes this as a suitable panacea for the fulfilment of man in society. This article addresses the causes of social injustice attributable to the conception of crime and to relativity in law enforcement in society. Its scientific coherence is fuelled and guided by the following questions: how does Raskolnikov, through his heroism, express the morality of crime? How does this conceptual heroism unfold in Crime et châtiment ? What ideology can be deduced from this? To answer these questions, we first drew on Charles Mauron’s psycho-criticism to analyse the psychological motivations of crime in the hero. Then, based on Philippe Hamon’s semiological analysis, which is part of narrative semiotics (J. Greimas), we highlighted the how the character "became a hero" through the commission of the crime. Finally, we analysed the “sociality” or “social semiosis” (Claude Duchet) of the text studied in order to understand the character in relation to a given type of society.

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  • Les mots clés

    Littérature burkinabè, roman, réalité sociale, style réaliste

    Matricule : TINGA749